Les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent et l'utilisation du numérique pour cet évènement n'a jamais été aussi importante. Entre les menaces en terme de sécurité physique, les cybermenaces et l'avènement de l'intelligence artificielle, les coulisses de ces jeux n'ont jamais été aussi passionnantes.
L'historique du numérique aux Jeux Olympiques
Le numérique a pris une part importante dans l'organisation des Jeux Olympiques depuis le début des années 2000 et notamment avec les JO de 2008. En effet, le coût en dépenses informatiques et réseaux s'élevait déjà à 400 millions d'euros.
Cependant c'est entre 2008 et 2012 qu'une grande différence se crée. Durant cette période, les premiers iPhones ont été commercialisés et la popularité des réseaux sociaux a explosé. Facebook a notamment dépassé le cap des 100 millions d'utilisateurs.
Lors des JO de 2012 à Londres, l'organisation ne doit pas seulement gérer la diffusion télévisée mais également la diffusion digitale. Les réseaux sociaux sont devenus un canal de diffusion incontournable.
Début 2012 à l'approche des Jeux, la page officielle des JO comptabilisait plus de 2,7 millions d'abonnés, et celle dédiée exclusivement aux JO de Londres, plus de 400.000 abonnés.
C'est lors de ces jeux que la question de la cybersécurité est devenue une priorité.
Les chiffres des Jeux Olympiques
Entre les Jeux Olympiques de 2012 et de 2021, le nombre de cyberattaques a doublé, passant de 212 millions à 450 millions de cyber attaques.
Cependant, d'après Bruno Marie-Rose, directeur de la technologie de Paris 2024, les Jeux olympiques de Paris 2024 devraient être ciblés par des cyberattaques « huit à dix fois plus que les Jeux de Tokyo » soit environ 3 milliards d'attaques.
En près de 10 ans, le nombre de cyberattaques aura ainsi été multiplié par 15.
Des cas concrets de cyberattaques lors des Jeux Olympiques
En 2018, lors des jeux de PyeongChang, une cyberattaque a impacté la cérémonie d'ouverture. Certains spectateurs n'ont pas eu accès à leurs billets. Il y a eu des problèmes de Wi-Fi, des pannes de retransmission de la cérémonie sur les écrans du stade. Les capteurs pour les portes d'accès étaient hors services. L'application officielle des Jeux Olympiques n'était plus fonctionnelle (l'accès à la billetterie, aux horaires, aux infos sur les hôtels et aux cartes d'accès)
En 2021, lors des jeux de Tokyo, de nombreux courriels de phishing et faux sites web des jeux olympiques ont piégé de nombreux utilisateurs.
Il y a également eu une fuite de données de tous les détenteurs de billets ainsi que des bénévoles de l'événement (nom, adresse et numéro de compte bancaire).
La sécurité au cœur des préoccupations
La sécurité physique, enjeu majeur des Jeux Olympiques de Paris
La sécurité est l'une des préoccupations pour l'organisation des JO de Paris. Avec l'échec retentissant ayant eu lieu lors de la finale de Ligue des Champions 2022 durant laquelle plusieurs milliers de supporters de Liverpool n'ont pas pu entrer dans le Stade de France, causant de nombreuses agressions et émeutes. Ces problèmes ont entraîné un retard de 30 minutes du coup d'envoi.
A moins d'un an du début des Jeux Olympiques de Paris, la France a fort à faire en matière de sécurité pour ne pas vivre un second fiasco et perdre la confiance des organismes sportifs pour l'organisation de futurs événements sportifs.
D'après Bruno Le Ray, directeur de la sécurité du comité d'organisation, en avril 2023, seulement 25% des besoins d'effectifs de sécurité privée ont été contractualisés.
Pour faire face à ce problème, l'utilisation du numérique est inévitable pour pouvoir compenser ce manque de main d'œuvre.
La mise en place de la vidéosurveillance automatisée est la des nouveautés majeures mises en place pour assurer la sécurité des JO.
Les technologies de vidéosurveillance automatisée reposent sur un principe, utiliser des algorithmes qui analysent des grandes quantités d'images de vidéosurveillance afin de faire émerger différentes informations. Cela permet des systèmes d'alerte en cas de comportements suspects, d'attroupement d'individus ou de véhicules.
Bien qu'autorisée par l'article 7 de la loi olympique adoptée par l'assemblée nationale, la vidéosurveillance automatisée est critiquée par des organisations de défense des droits de l'Homme.
Amnesty International a dénoncé la décision d'autoriser la surveillance de masse.
La cybersécurité
Depuis un peu plus d'un an, les équipes en charge de la cybersécurité lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 œuvrent pour sécuriser les technologies et les réseaux qui seront déployés pour l'évènement.
Ce sont des experts d'Atos et de Cisco, partenaires de l'événement qui en sont responsables.
Le nombre de cyberattaques sera tellement conséquent que rien ne doit être oublié, que ce soit les billetteries, les retransmissions, les réseaux sociaux…
La stratégie du comité d'organisation se base sur trois piliers:
- La formation et la sensibilisation: aujourd'hui une grande partie des cyberattaques repose sur des erreurs humaines comme le phishing ou les copies frauduleuses de sites officiels. Il est donc nécessaire de sensibiliser et de former les personnes liées aux JO pour éviter les erreurs et menacer la bonne tenue de ces derniers.
- La surveillance: les Jeux pourront compter sur des outils basés sur l'intelligence artificielle pour détecter les activités suspectes et répondre en cas d'attaque.
Ce travail de surveillance a déjà commencé sur les réseaux sociaux.
- L'entraînement et les simulations: Les équipes chargées de la cybersécurité procèdent régulièrement à des simulations basées sur des scénarios similaires à ceux ayant eu lieu lors des Jeux de Tokyo et Pékin.
L'organisation va prochainement ouvrir son système au “bug bounty”, un programme qui va récompenser les hackers qui trouveront des failles de sécurité.
L'IA omniprésente lors des Jeux Olympiques 2024
Comme nous l'avons vu, L'IA sera omniprésente dans la sécurité et la cybersécurité de ces Jeux. Elle sera également présente dans de nombreux autres domaines.
L'IA pour optimiser les performances des athlètes
Lors des Jeux Olympiques de Rio, l'équipe anglaise à remporté trois médailles d'or et deux de bronze en partie grâce à l'exploitation des données (Business Intelligence) récupérées lors des entraînements.
L'utilisation de l'intelligence artificielle permet de trier les informations les plus importantes et de les exploiter du mieux possible. L'utilisation d'objets connectés tels que des capteurs placés sur les vêtements des sportifs permet d'ouvrir de nouveaux horizons pour la BI.
Par exemple, la startup PlaySight utilise la technologie SmartCourt qui collecte l'ensemble des actions réalisées par les sportifs lors des matchs ou des entrainements. Pour le tennis, la technologie mesure la vitesse des services, analyse les frappes et les statistiques plus généralistes. Elle propose également des analyses tactiques en 3D et des replays vidéo instantanés.
L'IA pour optimiser les prix
L'intelligence artificielle va jouer un rôle important pour la fixation des prix des produits ou services.
Le “dynamic pricing” ou tarification dynamique consiste à proposer une tarification variable d'un produit ou service en fonction de l'évolution du marché.
L'IA, alimentée par des techniques de big data et de Machine Learning, peut adapter automatiquement le prix des produits ou services par rapport à des règles définies au préalable. Cela permet aux professionnels des JO de maintenir des tarifs compétitifs tout le long de la compétition et d'optimiser leurs ventes et leurs marges.
L'IA pour faciliter le travail des juges
Lors des Jeux de Paris 2024, un nouveau système d'assistance basé sur l'intelligence artificielle sera mis en place pour aider les juges de gymnastique artistique. Cette innovation technologique a déjà fait ses preuves aux championnats du monde de gymnastique en 2019. Ce système a pour rôle d'assister les juges lors de choix difficiles et d'aider à traiter les réclamations faites par les gymnastes. Le système se base sur une IA de détection 3D. Une caméra capture les mouvements du gymnaste. Les images et données sont ensuite transmises à un ordinateur qui traite les données collectées.
La digitalisation occupera une place centrale dans la réalisation de ces jeux olympiques 2024. La Coupe du monde de rugby 2023 a été un premier test d'envergure pour les autorités françaises passé avec succès. Les enseignements à en tirer en matière de cybersécurité sont précieux à moins d'un an des Jeux, durant lesquels 13,5 millions de visiteurs sont attendus sur une quarantaine de sites de compétition. La course contre la montre est enclenchée.